Eglise Saint-Martin d'Etain

l’Eglise Saint-Martin d’Etain

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L’Eglise Saint Martin, une église qui traversa les siècles

La construction de l’église Saint Martin d’Etain en pierre de taille débute au XIème et XIIème siècle. La nef principale composée de sept travées est finie au XIVème siècle, les cinq premières travées sont érigées après que l’archevêque de Trêves ait eu échangé en 1221, avec la collégiale de la Madeleine à Verdun, la ville d’Étain contre la ville de Mackeren aujourd’hui Kœnigsmacker en Moselle1. Les sixième et septième travées sont ajoutées au XIVème siècle.

En 1437, le futur cardinal Guillaume Huin (ou Guilaume-Hugues) dit Guillaume d’Estaing, décide de construire une chapelle pour son repos, un siècle plus tard cette chapelle devient le chœur de l’église après l’avoir ouvert vers la nef. D’ailleurs après sa mort son chapeau cardinalice fut suspendu sous la voûte de l’église Saint-Martin d’Etain où on le voyait jusqu’à la Révolution française.

Six chapelles sont ajoutées aux bas-côtés nord et sud aux XIVème, XVème et XVIème siècle. La première chapelle construite est celle de Saint Jean-Baptiste fondée en 1385 par Guillaume Paizel. La chapelle des fonts baptismaux date de la fin du XVème siècle, la chapelle du Sacré Cœur date fin XVème ou début XVIème siècle. La chapelle Saint Joseph a été fondée en 1519 par Jean d’Issoncourt et enfin la chapelle Saint Nicolas, créée par Jean l’Escuyer et la chapelle de la Sainte Vierge datent du XVIème siècle.

La tour clocher, qui dispose aujourd’hui de 5 cloches, connut deux reconstructions, la première intervient entre 1761 et 1771. François Verdun, alors maire d’Etain, souhaite remplacer l’ancien clocher qui menace de tomber et établit de nouveaux plans mais les chanoines en charge de l’entretien refusent le projet et la ville dut construire la tour à distance de l’église. Puis la Première Guerre Mondiale eut raison de la tour clocher mais aussi de la quasi-totalité de l’édifice. Il aura fallut trente-trois ans de travaux, de 1919 à 1952 pour achever la restauration de l’église.

Grâce a tous ces remaniements, et l’incroyable harmonie qui en résulte, l’église Saint Martin d’Etain est le premier édifice du département à être classé aux Monuments Historiques.

L’édifice à toute épreuve

Malheureusement à l’mage de la ville d’Etain dévastée à 93% lors de la Première Guerre Mondiale, l’église sera gravement endommagée lors du bombardement d’Etain le 24 août 1914, il ne reste plus que le mur nord de la nef et une partie du chœur.

L’édifice étant classé aux Monuments Historiques, ce sera l’Administration des Beaux Arts qui en assurera la restauration. C’est l’architecte Marcel Delangle, sous la direction d’André Ventre puis de Paul Pillet, architectes en chef des Monuments Historiques, qui assumera cette lourde tâche.

La Martinique, une Marraine généreuse

Savoir donner sans rien attendre en retour, voici un adage propice à l’histoire d’Etain. Dans la nuit du 18 au 19 Août 1891 la Martinique est touché par un important cyclone, puis malheureusement l’île est de nouveau touchée par une catastrophe naturelle, qui cette fois-ci sera le feu. En effet, le 8 Mai 1902 l’île de la Martinique est frappée par l’éruption dévastatrice de la Montagne Pelée, la plus meurtrière du XXème siècle. La ville d’Etain aidera financièrement la Martinique à deux reprises sans se douter que l’île rendra la pareille seize ans plus tard.

Le chanoine Bonne, qui avait quitté l’église Saint Martin et la ville d’Etain le jour du bombardement, jouera un rôle important dans ce marrainage. Il gagne la Gironde et côtoie l’Abbé Andiol, qui, en 1917 l’aidera à trouver une marraine pour sa paroisse d’Etain grâce à un de ses amis qui est directeur du journal de la Martinique et de Monsieur Percin, Conseiller Général de l’Ile qui recherchent un village dévasté pour qu’il devienne filleul de l’île.

Monsieur Bonne et Monsieur Denis, Maire d’Etain, adressent en novembre 1917 une lettre à toutes les autorités civiles et religieuses de la Martinique. Le 9 janvier 1918 l’adoption est officielle. Un grand concert avec une kermesse seront organisés sur l’île par l’Amicale des anciens combattant de la Martinique et le Gouverneur ainsi que l’Evêque de l’île parcourront la Martinique pour recevoir les souscriptions.

Affiche de la Grande Tombola organisé par la Martinique pour Etain

Le montant des dons récolté en 1931 s’élèvera à 490 000 francs de l’époque et servira en grande partie à la reconstruction de la ville d’Etain et plus particulièrement à l’aménagement de la Place devant l’église. En gage de reconnaissance la ville décidera de lui donner, le 24 juillet 1926, le nom de : Place de la Martinique.

Par la suite la ville d’Etain sera solidaire avec l’île de la Martinique qui connu d’autres catastrophes naturelles en 1963, 1987, 2005 et 2007…

De ces tristes histoires est né un lien d’amitié indéfectible entre les Martiniquais et la population du Pays Stainois. En Février 2016, une délégation Martiniquaise, d’environ 100 personnes, souhaite se rendre sur Etain afin de découvrir le territoire de leur filleul mais aussi de se recueillir sur les tombes des soldats Martiniquais morts lors des Guerres Mondiales. Lors de cette brève rencontre il est décidé, d’une commune mesure, de jumeler la ville d’Etain avec la ville du Vauclin mais aussi de jumeler leur collège.

Malgré la brève durée de leur venue, un lien d’amitié c’est installé et c’est tout naturellement que, Martiniquais et Stainois, décidèrent de créer une association en plus du Comité de Jumelage. L’association s’appelle : Association du Pays d’Etain Martinique (APEM) et siège à Warcq. La vocation de cette association est de garder et d’entretenir ce lien d’amitié entre la Martinique et notre territoire, mais aussi d’aider les institutions à organiser leurs commémorations . Depuis 2016 l’APEM a organisé plusieurs voyages de la Meuse vers la Martinique mais aussi de la Martinique vers la Meuse. Elle a aussi participé à l’élaboration de plusieurs commémorations et au partage de la culture Martiniquaise auprès de nos jeunes.

Une église remplie de merveilles

En plus de sa magnifique architecture, l’église Saint Martin dispose d’autres trésors dont certains sont aussi classés aux Monuments Historiques.

C’est le cas d’un tableau somptueux, peut-être s’agit-il d’un retable, représentant la Passion du Christ en 12 parties. Le tableau est peint sur bois et sa datation est estimée entre le XVIème et XVIIème siècle. Il a été classé au Monuments Historique en 1907 et a été restauré en 1955. Je vous conseille vivement d’aller admirer cette somptueuse peinture, qui malheureusement, est trop peu créditée en raison de la présence d’autres œuvres majestueuses comme par exemple La Piéta de Ligier Richier.

La Piéta de Ligier Richier, également inscrit aux Monuments Historiques le 21 novembre 1905 , représente la Vierge Marie assise soutenant le corps inanimé du Christ. Cette œuvre magistrale datant du XVIème siècle connut une vie bien mouvementée, En 1789, lors de la Révolution Française, la Piéta a été déplacée dans les jardins du Château de Nettancourt ou elle subit les intempéries jusqu’en 1830. Puis elle retourne en l’église Saint Martin, en 1844 elle fut restaurée et transférée dans la chapelle du Sacré-Cœur là ou elle figure en ce moment même. Pendant la Première Guerre Mondiale, en 1916, la Piéta, ainsi que le tableau sur bois et le bénitier en forme de cloche sont sauvés de la destruction par les Allemands et envoyés à Metz. Ils retrouvent leurs emplacement dans l’église en 1933, puis ils sont de nouveau déplacés en 1940 et transportés au château de Hautefort, en Dordogne. Des S.S. détruiront la splendide Piéta en 45 morceaux, mais à l’image de l’église dont elle a toujours fait partie elle sera restaurée en 1947 et retournera dans sa chapelle. La Piéta sera restaurée encore deux fois en 1972 et en 1999.

L’église abrite également un bénitier en forme de cloche du XVème, qui, lui aussi est inscrit aux Monuments Historiques. Il n’a pas pu servir de cloche car la fonte est trop fine. On peut y lire un verset de l’Avé Maria.

L’église Saint Martin d’Etain dispose aussi de l’une des plus anciennes épitaphes conservées en Lorraine, celle de Dame Havys Vy. On peut y lire en belle lettre gothique de caractères romain : Transcription : ci gît dame Havys Vy, femme de Buevelat le drapier qui mourut le jour de la décollation de saint Jean-Baptiste l’an de Grace 1296 ans au mois d’août priez pour elle que dieu l’absolve, amen. Ave Maria. L’épitaphe est classée aux Monuments Historiques en décembre 1993.

Les autres œuvres ne sont pas forcément classées aux Monuments Historiques mais n’en manquent pas moins d’intérêt. L’on y retrouve l’ébauche d’une gigantesque fresque, démarrée en 1938, sur l’un des murs du chœur représentant le chemin de croix de Jésus Christ, malheureusement à cause de la Seconde Guerre Mondiale, puis par manque de fonds elle ne sera jamais achevée… L’ébauche est réalisée par Nicolas Untersteller, grand prix de Rome de peinture et Directeur de l’Ecole Nationale des Beaux Arts.

On retrouve aussi de magnifiques vitraux signés par deux maitres-verriers Jacques et Jean-Jacques Grüber. L’on y retrouve essentiellement des vitraux sur Saint-Martin, mais aussi les blasons de la ville d’Etain et de la Lorraine ainsi que ceux du Cardinal Guillaume d’Estaing.

L’église disposent également de plusieurs statues dont celle de Saint Nicolas mais aussi celle de Jeanne d’Arc, la Pucelle d’Orléans, ou un vitrail lui est aussi consacré.

Pour finir cette longue liste d’œuvres d’art il nous reste à aborder l’orgue réalisé en 1936 par un facteur d’orgue de renom, Edmond-Alexandre Roethinger. L’orgue se composent de 27 jeux répartis sur 2 claviers de 61 notes et un pédalier de 32 notes Il comporte également 1666 tuyaux en métal et en bois. Deux relevages (révision complète) seront réalisés en 1977 et 1995.

Nous conseillons vraiment à tous les amoureux, d’architecture, de patrimoine et d’œuvre d’art qui passe par Etain, à s’arrêter et contempler cet édifice et les merveilles qu’elle renferme.

Notes :

1 : Depuis la division de l’empire de Charlemagne entre ses 3 petits-fils (Charles II le Chauve, Lothaire 1er et Louis le Germanique) lors du traité de Verdun en 843, la Lorraine (Lotharingie) dépendra du futur royaume du Saint Empire Germanique et Etain dépendra de l’archevêché de Trèves au même titre que Verdun.

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