Disparition du Ban Saint-Jean (BSJ)
Voici les photos de notre dernier reportage photo du week-end du 6 et 7 Février 2021
Certains d’entre vous en ont peut-être entendu parler hier soir sur France 2 ou si vous êtes du secteur vous connaissez très certainement ce lieu.
Il s’agit du Ban Saint-Jean (BSJ), un camp de sûreté, en retrait des fortifications de la Ligne Maginot, destiné à récupérer les blessés des fortifications en cas d’accrochages avec l’ennemi, et à alimenter en hommes frais les équipages des forts. La construction démarre dans les années 1930 et il est inauguré en 1937.
Les officiers sont logés dans des pavillons modernes et accueillant, le BSJ a même obtenu le label “Cité Jardin” en plantant bon nombre de roses (La Rose de la Ligne Maginot), le BSJ dispose même de son propre cinéma.
Ce lieu disposait de tout pour ravir ses occupants mais c’était sans compter sur la Seconde Guerre Mondiale et sur l’annexion de la Moselle par le IIIème Reich…
Jusqu’en 1941 le camp sert aux nazis de lieu de détention pour les soldats Français. François Mitterand, alors sergent à l’époque, fût retenu prisonnier un brève instant avant de réussir à s’évader.
Démarre alors le pire moment pour le BSJ, avec l’opération Barbarossa les nazis envahissent l’Union Soviétiques et se servent du BSJ comme camp de concentration et comme “centre de triage”.
Tous les prisonniers Soviétiques, dont une majeure partie Ukrainienne, seront envoyés au BSJ pour ensuite être affectés au travaux forcés dans les mines de fer ou charbon de la région.
D’après les archives plus de 300 000 prisonniers Soviétiques seraient passés par le BSJ entre l’automne 1941 et l’automne 1944.
A la libération du camp fin Novembre 1944 l’on découvre 204 fosses communes avec pas moins de 23 000 corps…
Après la Seconde Guerre Mondiale les Ukrainiens survivants obtiennent les autorisations nécessaires à la création d’un cimetière décent qu’ils financent et consacrent à la mémoire de leurs compatriotes.
Puis à cause d’une rivalité entre Russes et Ukrainiens, les corps seront exhumés et envoyés dans une nécropole Soviétiques commune dans l’Oise.
L’armée Française va se réapproprier les lieux un certains temps avant de le laisser à l’abandon et d’en retirer les toitures pour la réparation de certaines bases militaires sur le secteur.
Ban Saint-Jean Ban Saint-Jean Ban Saint-Jean Ban Saint-Jean Mémorial du Ban Saint-Jean
Si aujourd’hui vous entendez parler de ce lieu c’est par un devoir de mémoire car ce site est devenu menacé..
Il le fût une première fois pour un projet industriel d’une usine d’incinération des boues des stations d’épuration de tout le Département. Ce projet était à l’initiative de la commune qui a récupéré le terrain du BSJ mais heureusement une association de défense locale réussit à créer le front du refus, invoquant les risques environnementaux et le respect pour le site historique.
Le préfet a alors été saisi et donna l’ordre de suspendre le projet industriel. Voici le script du fax ministériel : « Dans l’espace du BSJ, 30 000 Ukrainiens prisonniers des nazis ont été détenus et y ont trouvé la mort dans des conditions contraires aux grandes valeurs de l’humanité. S’il est certain que beaucoup de corps et d’ossements ont été exhumés, personne ne peut dire qu’il n’y en a plus. Mon administration consultée par mes soins ne peut donner cette garantie . Dans le doute, je crois qu’il est nécessaire d’arrêter le projet. Le respect de la mémoire des victimes de la barbarie nazie mérite le respect et le recueillement ».
Cependant cette année ce lieu de mémoire est de nouveau en sursis, toujours à cause de la commune qui a lancé les études pour un projet de parc éolien et photovoltaïque….
Personnellement je trouve cela scandaleux de balayer d’un revers de main la mémoire de tous ceux qui ont péris sur ce charnier dans des conditions atroces
Si vous souhaitez en savoir plus je vous invite à aller sur le site de l’association :
Voici le lien de la vidéo passée sur France 2 : https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/histoire/video-des-eoliennes-bientot-construites-sur-un-ancien-camp-nazi_4298323.html?fbclid=IwAR0bUklABgOWM6JVP0U3e-y5N3zKEQsORldKoCqqynrO2YFUEqxK5My_eYw